Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF - CBAM en anglais) vise à contrer les éventuelles stratégies d’évitement face à la politique climatique volontariste de l’Union Européenne, notamment le phénomène de “fuite de carbone”.
Ce dispositif repose sur un mécanisme de quotas miroir du mécanisme ETS, système d’échange de quotas d’émission créé en 2005 au sein de l’UE. Ainsi, le MACF conditionne l’importation de certains produits industriels au respect d’obligations spécifiques.
Le MACF n'est ni une mesure de politique commerciale ni une mesure tarifaire, mais une mesure de politique environnementale.
En France, l’autorité compétente est la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) du ministère de la transition énergétique.
Les produits concernés par le MACF
Les nomenclatures douanières des marchandises concernées sont reprises à l’annexe 1 du règlement 2023/956, soit :
- acier (sauf certains ferro-alliage)
- aluminium
- engrais azotés
- ciment
- hydrogène
- électricité
Les flux concernés par le MACF
Les obligations qui découlent du MACF concernent (critères cumulatifs)
- L’importation au sens douanier, soit la mise en libre pratique des marchandises reprises à l’annexe 1 du règlement précité.
- Pour une valeur intrinsèque de plus de 150€ par envoi.
Qui doit s'acquitter de ces obligations ?
L’importateur des marchandises reprises à l’annexe 1.
La représentation en douane et la représentation MACF ne se confondent pas.
- En représentation directe, l’importateur est responsable de ses obligations vis-à-vis du règlement MACF.
- En représentation indirecte, l’accord du représentant en douane pour porter la représentation MACF de son client est nécessaire. S’il y consent, les obligations MACF incomberont au représentant en douane.
Les obligations du MACF
La mise en œuvre des obligations se fera en 2 phases à compter du 1er octobre 2023.
Du 1er octobre 2023 au 31 décembre 2025
Rapportage trimestriel qui récapitule certaines données de vos importations.
- quantité totale de chaque type de marchandise
- émissions directes intrinsèques réelles totales
- émissions indirectes totales
- prix du carbone payé dans un pays d’origine compte tenu de tout rabais ou de toute autre forme de compensation disponible
Ces obligations de rapportage sont applicables aux :
- émissions directes : émissions liées au processus de production
- émissions indirectes : émissions liées à la consommation électrique consommée durant le processus de production.
A partir du 1er janvier 2026
- Disposer du statut de déclarant MACF autorisé en amont de toute importation de marchandise listée à l’annexe 1 du règlement 2023/956.
- Disposer des certificats MACF correspondants aux émissions générées par les produits que vous prévoyez d’importer dans l’année qui suit.
- Détenir un stock minimum de certificats MACF à la fin de chaque trimestre.
- Déposer une « déclaration MACF » récapitulant les données de vos importations de l’année civile précédente au plus tard le 31 mai de chaque année.
- Règlement (UE) 2023/956 du Parlement européen et du Conseil du 20 mai 2023 conc…
- Page de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) - autorité compé…
- Page de la DG TAXUD (Commission européenne)
- Cours - Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) - Introduction (10…
- Pas à pas de connexion au registre MACF
Questions fréquentes
Les nomenclatures 7310 et 7612 sont reprises à l‘annexe 1 du règlement MACF. Lorsque ces emballages sont mis en libre pratique, ces derniers sont couverts par le MACF.
Lorsque ces emballages sont destinés à être réexportés, ces derniers peuvent bénéficier du régime de l’admission temporaire qui n’est pas un régime douanier soumis au MACF.
Le seuil de 150€ par envoi exclut les envois dédouanés avec Delta H7.
En revanche, les envois de fret express dédouanés par Delta X et Delta G sont couverts par le MACF.
Le MACF est applicable à l’ensemble des régimes donnant lieu à la mise en libre pratique de la marchandise sur le territoire douanier de l’Union.
Le déclarant MACF autorisé est l’importateur. Le règlement prévoit qu’il s’agit de l’importateur déclarant ses importations en douane pour son propre compte, ou le représentant en douane indirect qui accepte d’être déclarant MACF autorisé pour le compte de ses clients.
Les importateurs non établis sur le TDU devront obligatoirement passer par les services d’un représentant en douane indirect disposant du statut de « déclarant MACF autorisé ».
Durant la période de transition (durant laquelle le statut de "déclarant MACF autorisé" n'est pas obligatoire), la filiale d'un groupe, un cabinet de conseil, un prestataire, un représentant fiscal etc ne peuvent agir pour un importateur que s'ils sont également RDE en représentation indirecte.
Pour la période définitive (à partir de 2026), les règles restent à définir dans un règlement d'exécution qui sera discuté fin 2025. Une des options de travail est de dissocier les obligations douanières des obligations MACF, pour autant qu’un importateur autorisé soit identifié clairement au moment de la mise en libre circulation des biens.
En représentation directe, l’importateur est responsable de ses obligations vis-à-vis du règlement MACF. En représentation indirecte, l’accord du représentant en douane pour porter la représentation MACF de son client est nécessaire. S’il y consent, les obligations MACF incomberont au représentant en douane.
La France est actuellement le seul Etat membre à délivrer des EORI multiples basés sur le SIRET. L’évolution de la règlementation européenne induit une bascule, prévue jusqu’au 31/12/2025, vers un EORI unique fondé sur le SIREN. Dans ce contexte, les demandes de « statut de déclarant MACF autorisé » (valables à compter du 1er janvier 2026) devront être déposées en utilisant le numéro EORI/SIREN uniquement. Pour les entreprises ne disposant pas encore de ce numéro, la création de ces EORI/SIREN est ouverte aux opérateurs via l’applicatif douanier SOPRANO EORI depuis avril 2023. D'ici là, pour des raisons d'interopérabilité informatique, les accès au registre MACF se font sur la base de l'EORI SIRET.
Le statut de « déclarant MACF autorisé » peut être demandé dès janvier 2025 en prévision de sa mise en place dans sa phase normale de fonctionnement, au 1er janvier 2026. La demande s’effectue auprès de l’autorité compétente de l’État membre correspondant à l’identifiant EORI de l’importateur. Une fois le statut obtenu, il sera valable dans l’ensemble des États membres. Le format et la procédure d’obtention de ce statut sera disponible dans les actes d’exécution du règlement MACF qui doivent être publiés en juillet 2023.
Le statut d’opérateur économique agréé (OEA) peut être délivré par la douane à la demande d’un opérateur. Il offre des facilités douanières pour les opérateurs « de confiance ». Le statut de déclarant MACF autorisé est un statut octroyé par l’autorité compétente nationale pour le MACF (la DGEC) en vue de l’application d’une réglementation non douanière. Aussi le statut OEA n’a pas d’impact direct sur la délivrance du statut de déclarant MACF autorisé.
La Commission européenne publiera des lignes directrices, documents explicatifs et modèles à remplir pour la déclaration des données.
Pour toute demande concernant les modalités de calcul des données à déclarer, les opérateurs pourront se rapprocher de l’autorité compétente pour ce règlement, à savoir la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) du ministère de la transition énergétique.
Un domaine MACF a été créée par la Commission européenne dans UUMDS (portail de la DG TAXUD). L’ensemble des démarches MACF s’y dérouleront (rapportage, achat des certificats).
En France, ce portail sera accessible via le compte douane.gouv. Le téléservice menant au portail MACF sera visible pour les administrateurs UUMDS de chaque entreprise qui pourront attribuer directement les droits d’accès aux personnels concernés de leur entreprise. Une communication spécifique sera réalisée dès que l'accessibilité de la plateforme sera effective.
Oui. Lorsque le produit tiers figure à l’annexe 1, je suis soumis aux obligations du mécanisme même si le produit fini n’y figure pas.
Oui. Lorsque le produit fini relève de l’annexe 1, je suis soumis aux obligations du mécanisme pour la part des produits tiers mis en œuvre dans le cadre du PA.
Le MACF n’est applicable qu’aux marchandises mises en libre pratique sur le territoire douanier de l’Union. Dans le cas d’une importation sous PA apurée par une réexportation, je ne suis pas soumis aux obligations du mécanisme. Dans le cas d’une importation sous PA apurée par dérogation au titre de l’article 324 du règlement d’exécution (UE) 2015/2447 (REC), la réexportation est présumée et je ne suis pas soumis aux obligations du mécanisme.
Le MACF est applicable dès lors qu’une mise en libre pratique de la marchandise a lieu sur le territoire douanier de l’Union. Il est applicable dès que ce mode d’apurement du régime suspensif est choisi par l’opérateur économique. Par conséquent, il n’est pas applicable au transit ou au régime de l’admission temporaire qui ne peuvent être apurés par une mise en libre pratique.
Le régime de l’admission temporaire permet d’importer temporairement des marchandises non Union destinées à être réexportées en l’état (ex : exposition, échantillons commerciaux). Ce régime n’est pas couvert par le MACF.
En revanche, des marchandises mises en libre pratique pour permettre la réalisation sur le TDU d’opérations de maintenance puis exportées sont couvertes par le MACF puisqu’une mise en libre pratique a eu lieu et qu’il s’agit de l’élément déclencheur du MACF.
Lorsque les marchandises importées sont des marchandises en retour, ces dernières sont mentionnées séparément dans la déclaration MACF avec la mention « zéro » pour les émissions intrinsèques totales correspondant à ces marchandises.
La valeur intrinsèque d’un envoi correspond au prix des marchandises elles-mêmes lorsqu’elles sont vendues pour l’exportation à destination du TDU, à l’exclusion des frais de transport et d’assurance, à moins que ceux-ci ne soient compris dans le prix et ne soient pas indiqués séparément sur la facture, et de toutes autres taxes et impositions pouvant être vérifiées par les autorités douanières à partir de tout document pertinent.
Avec un incoterm DDP, le vendeur (hors UE) effectue l'ensemble des démarches administratives à l'arrivée sur le territoire douanier de l'Union. Pour autant, dans le cadre du MACF, il est prévu que l'importateur doit être établi dans un Etat membre (s'agissant d'une personne physique, tout personne qui y a sa résidence normale; s'agissant d'une personne morale ou d'une association de personnes, toute personne qui y a son siège légal, son administration centrale ou un établissement stable; un "établissement stable" étant une installation fixe d'affaires disposant en permanence de ressources humaines et techniques nécessaires et par l'intermédiaire de laquelle les opérations douanières d'une personne sont effectuées en tout ou en partie, art. 5 §31 et 32 CDU).
Sur le fondement de ces définitions, un importateur utilisant un incoterm en DDP ne peut être considéré comme un importateur établi dans un Etat membre. Aussi, il convient d'appliquer à cette situation les dispositions prévues pour les importateurs non établis dans un Etat membre, à savoir la représentation indirecte.